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FEUILLE 200, VILLAGE DE DESCHÊNES

FEUILLE 200, VILLAGE DE DESCHÊNES

PLAN D’ASSURANCE-INCENDIE GOAD

La collection Paul Brunet de l’ensemble cartographique de « Hull & Vicinity, Que » 1903-1921

La collection Paul Brunet présente l’ensemble cartographique de « Hull & Vicinity, Que » 1903-1921. Cette collection comprend la page titre, la carte maîtresse et les 44 plans d’assurance-incendie. Le titre de l’index comprend la dimension du territoire, son nom, le nombre d’habitants et le thème dominant. L’index renvoie aux différents secteurs des villes de Hull, d’Aylmer et des villages environnants en indiquant leur nom entre parenthèses et la feuille de référence correspondante[1]. L’index précise le nom des rues identifiées, les différentes institutions et les cours à bois de la région[2]. L’index associé aux données de la carte maîtresse permet un repérage précis et efficace des contenus recherchés dans l’ensemble de la collection.

L’aspect formel de la carte et des plans d’assurance-incendie

La collection Paul Brunet (BAnQ, Cote P 61) présente un ensemble presque complet des plans d’assurance-incendie « Hull & Vicinity, Que » produits entre 1903 et 1921. Cette collection est disponible pour consultation au Centre régional des archives de l’Outaouais (CRAO) à Gatineau[1]. L’ensemble de la collection est relié dans un atlas à couverture rigide et elle comprend la carte maîtresse[2] de « Hull & Vicinity, Que[3] » en 44 coupures de couleur. Ces coupures de 61 X 67 cm sont les plans d’assurance-incendie de Aylmer, Hull et Pointe-Gatineau. La carte maîtresse est un plan d’ensemble dessiné sur une échelle de 500 pieds = 1 pouce. Les chiffres juxtaposés sur cette carte renvoient aux feuilles de l’atlas représentant différents secteurs de Hull.

Les municipalités de Deschênes (200), Aylmer (201) et Pointe-Gatineau (209) sont notés en Nota Bene et référés à leur feuille correspondante. Les feuilles numérotées de 171-212 couvrent alors la périphérie urbaine de l’ancienne ville de Hull au début du XXe siècle. Chaque feuille présente un plan relevant des réalités cartographiées sur une plus grande échelle. Les plans sur les feuilles sont dessinés à grande échelle (50 pieds = 1 pouce). La feuille 200 manque à la collection qui est pourtant listée dans l’index. Cette situation est malheureusement courante dans le contexte de production des collections de plans d’assurance-incendie.

«Key Plan & District Map of Ottawa & Vicinity (item 2)»
Nous percevons Deschênes dans l’encadré. Le village est identifié en jaune et il se situe sur la rive nord au Lac Deschênes sur le premier rang du canton de Hull.
Bibliothèque et Archives Canada, En ligne No MIKAN 3823774

Les détails font la richesse de cette collection. Certaines feuilles comptent des mises à jour réalisées sur une base plus ou moins régulière, mais comptent des certifications d’authentification démontrant l’année de la dernière modification. Un arpenteur est chargé de relever les changements dans les constructions et de les certifier. La maison mère Chas E. Goad, Civil Engineer se charge de les authentifier et d’envoyer les mises à jour aux compagnies d’assurance[4]. Les modifications recensées sont ajoutées à la carte maîtresse et aux plans révisés. Les modifications sont transférées par un collage de papiers fin respectant les codes couleur et les symboles de la légende. La Collection Paul Brunet produite entre 1903 et 1921 comprend plusieurs de ces collages sur ses feuilles. Les collages peuvent cependant nuancer le caractère de lisibilité des cartes. Il devient alors nécessaire d’en produire des nouvelles pour les assureurs. L’index ci-dessus a de ces collages au bas à droite de la page. Vous n’avez qu’à agrandir l’image par un simple clic pour les voir de façon détaillée.

Une mince série de la feuille 200 du plan d’assurance-incendie du village de Deschênes est disponible dans la collection Plans d’assurance-Incendie de la BAnQ. Cette collection compte plus de 1134 photographies reproduites sur des diapositives de 7 x 7 cm à partir des feuilles originales créées entre 1880-1952. Nous avons obtenue les copies numérisées de la feuille 200 des plans d’assurance-incendie de 1903, 1908 et 1915 de bibliothèques et Archives nationale du Québec. La lisibilité des photographies ne permet pas de relever certains détails du plan. Cette lacune est compensée avec la Collection nationale des cartes et plans de Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Sheet 200, Deschènes, Que. « Hull & Vicinity, Que »
Bibliothèque et Archives Canada : Online MIKAN no. 3823774

La collection BAC compte des atlas d’assurance-incendie, des cartes maîtresses, plusieurs collections de série de feuilles et de plans révisés. Le catalogue des fonds de la collection initiée par Robert J. Hayward demeure une liste cartographique importante pour étudier l’espace urbain au Canada. Ce vaste catalogue s’ajoute à la Collection des cartes et des plans de BAC. Le catalogue liste vingt-neuf mille feuilles et un répertoire de plus de mille quatre cents lieux géographiques[5]. Ce catalogue facilite la recherche de microfiches qui sont accessibles en tout temps pour consultation à Bibliothèque et Archives Canada à Ottawa (BAC). La carte maîtresse de « Hull & Vicinity, Que » est aussi disponible dans la collection numérisée des cartes et plans de BAC. Cette collection ne compte que l’index[6], la carte maitresse et les plans d’assurance-incendie de certains secteurs de la ville de Hull. Dans le cadre de cette analyse, cette banque de ressource est nécessaire pour avoir accès à la feuille 200 du village de Deschênes et être en mesure de décoder les éléments de ce plan d’assurance-incendie.

Aspect formel du plan d’assurance-incendie

L’aspect formel de la carte et des plans d’assurance-incendie offre alors une somme impressionnante d’information pour caractériser les habitats humains et pour évaluer la densité de l’occupation du territoire. Le titre du plan d’assurance-incendie informe qu’il y a 300 habitants à Deschênes en 1903. L’inscription en dessous nous permet de comprendre en partie son absence de la collection de Paul Brunet de CRAO. Le plan d’assurance-incendie de 1903 et des révisions de 1908, 1918 portent la mention no protection sous le titre.=

Aspect formel du plan d’assurance-incendie
L’aspect formel de la carte et des plans d’assurance-incendie offre alors une somme impressionnante d’information pour caractériser les habitats humains et pour évaluer la densité de l’occupation du territoire. Le titre du plan d’assurance-incendie informe qu’il y a 300 habitants à Deschênes en 1903. L’inscription en dessous nous permet de comprendre en partie son absence de la collection de Paul Brunet de CRAO. Le plan d’assurance-incendie de 1903 et des révisions de 1908, 1918 portent la mention no protection sous le titre.

Caractéristiques de l’habitat en 1903
Le Plan d’assurance-incendie nous informe sur les caractéristiques de l’habitat du village de Deschênes en 1903[1]. Les rectangles jaunes et gris démontrent que la majorité des constructions sont en bois. Les rectangles jaunes illustrent les bâtiments à vocation résidentielle ou commerciale. La majorité est généralement détachée et d’un étage et demi. L’espace d’habitation est plus dense près de la rivière au sud du village où il y a une présence de bâtiments à logements multiples et des maisons en rangée. Il manque certaines précisions pour identifier la vocation des bâtiments jaunes qui pourraient offrir des précisions sur le développement commercial dans Deschênes. Le plan nous renseigne aussi qu’aucun de ces bâtiments n’utilise le recouvrement de brique identifiée en rouge.

Vocation manufacturière des lieux
Le recouvrement des toitures procure peu de protection contre les incendies dans l’ensemble du village. Il n’y a aucun coupe-feu entre les logements multiples aucun toit en métal sur les bâtiments jaunes. Il y a cependant l’inscription « résidence du patron[2] » au nord à l’entrée du village près des voies ferrées et de la Main. Le village compte des bâtiments à vocation manufacturière en pierres grises. La première est située à l’angle des voies ferrées et du chemin de Deschênes[5]. Cet édifice est un entrepôt pour ranger et réparer les tramways de la Hull Electric Company. Ce service a commencé ses opérations en 1896 sous la direction des frères Robert et William Conroy. C’est le seul édifice qui compte un système de pompage d’eau en cas d’incendie. Ce système pompe l’eau directement de la rivière et compte quatre connections pour approvisionner les installations de la Hull Electric Company. L’importance de cet entrepôt a aussi une influence directe sur les résidents de Deschênes[6]. La Hull Electric Company engage ses ouvriers et ses mécaniciens dans le village[7]. Ces tramways sont aussi la source du transport en commun entre Aylmer et Ottawa. Le tracé de la voie ferrée longe la voie des tramways et relie la région au Pontiac en longeant la rive nord de la rivière des Outaouais[8].

La meunerie
Le deuxième bâtiment de pierre se trouve au sud du village près de la rivière. Cette installation est le moulin à grain appartenant aussi aux frères Conroy qui emploie plusieurs habitants du village selon le recensement de 1911. « Dès 1839, Robert Conroy, père s’était notamment associé à John Egan, Charles Symmes et Harvey Parker pour bâtir un moulin à farine fonctionnant à la vapeur et pour alimenter la Aylmer Bakery [9] ». La meunerie moud les récoltes de blé, d’avoine et de sarrasin des cultivateurs de la région. Elle a la capacité de moudre plus de trois wagons de train de grains par jours[10]. Cet édifice de deux étages a en son centre un élévateur à grain qui rappelle surement l’époque de la navigation à vapeur sur la rivière des Outaouais. Il est aussi le seul édifice du village avec une cheminée de plus de cent pieds. Lucien Brault mentionne que souvent, les cultivateurs doivent trouver pension pour eux et leurs chevaux dans les auberges, les maisons de pension et les écuries locales, car la durée d’attente peut prendre quelques jours[11].

Monde du travail
Le haut taux de fréquentation des usines explique probablement en partie la fréquence des symboles représentant les écuries par un rectangle gris marqué d’un X [12] à proximité de certaines habitations. La majorité des petites écuries sont surtout concentrées au centre de la carte avec divers bâtiments de bois aussi identifiés en gris démontrant leur vocation manufacturière ou d’entreposage. Il est alors permis de croire qu’il y a la présence de différents ateliers de fabrication d’outils ou de petits commerces faisant partie de cette concentration centrale.

Entreposage, ateliers, forge et la moissoneuse-batteuse Conroy
Il y a aussi une grande écurie au sud de la carte près de la manufacture à la rivière. Cette dernière sert à l’activité industrielle et à la manufacture qui sont aussi tout près des rapides Deschênes. Diane Aldred relate qu’il y a de vastes terrains d’entreposage, un atelier de réparation, des bureaux administratifs, des écuries, et la forge où la moissonneuse-batteuse Conroy a vu le jour[13] ». Il demeure difficile de cerner cette information sur le plan observé. La localisation précise demeure à confirmer.

Ligne de tramway et l’hydroélectricité
La Deschênes Electric Company et la Hull Electric Company alimentent en électricité l’éclairage, le tramway électrique. Les lignes de tramway sont alimentées par les installations hydroélectriques des rapides de Deschênes. Le plan d’assurance-incendie nous informe de la présence du réseau de transport en commun. Les résidents, les ouvriers et les plaisanciers bénéficient de ce mode de transport pratique.

Développement du réseau routier
Dès 1849, les routes carrossables sont à péage entre Aylmer et Hull à la hauteur de la rue Montcalm et à l’entrée d’Aylmer [16]. Le chemin de Deschênes (chemin Vanier) a longtemps été la seule route reliant le chemin de la Montagne et le chemin d’Aylmer au cœur du village près des rapides [17]. Cette situation isole en quelque sorte le village qui demeure difficilement atteignable par des routes carrossables.

Enfin, au début du 20e siècle, l’église du village est présente sur le plan d’assurance-incendie malgré que la paroisse Saint-Médard s’incorpore en 1923 qu’elle ne peut obtenir un curé résident avant cette période[18]. Alors, suite . Il est possible de vérifier les informations surtout fournies par les différentes associations du patrimoine de la région, des photographies, une feuille de recensement[19] et la cueillette d’information nécessaire auprès des résidents de Deschênes. Cette information est nécessaire afin de valider davantage le caractère urbain de ce milieu ouvrier au début du XXe siècle.


[2] Index, « Hull & Vicinity, Que. », Janvier 1903, révisé en mai 1908. http://collectionscanada.gc.ca/pam_archives/index.php?fuseaction=genitem.displayItem&lang=eng&rec_nbr=3823774&rec_nbr_list=4137739,3821551,3855183,3827571,3820161,3824226,3823774,3934773,3855189,3855201
[3] Cette dernière information sur la Monographie en référence sur Amicus (BAC) – No AMICUS 38472283/ Insurance plan of the city of Hull, Que [document cartographique] / Canadian Underwriters Association, Plan Division. Toronto, 1968.
[1] Voir Annexe 1.
[2] Traduction libre sur le plan d’assurance-incendie de « Forman’s House ». La Forman’s house est de l’autre côté de la rue de la « Car shed and repair shop ».
[3] C’est le surnom que donne les villageois à cette construction aujourd’hui.
[4] Cette maison est présentement à vendre. L’association des résidents de Deschênes lutte présentement pour en faire reconnaître sa valeur patrimoniale, car elle n’a toujours pas obtenu ce statut qui lui revient.
[5] Cet édifice fait toujours partie du patrimoine bâti du village malgré qu’elle ait perdu sa vocation ferroviaire dans les années 1960. Cet édifice est à l’angle du boulevard Lucerne et du chemin Vanier à Gatineau. Il fait face aux deux autres maisons mentionnées plus haut : Maison du patron et la « maison grise ».
[6] Le cinquième recensement de 1911, de la Province de Québec, District 205 Wright, S. District 9, District du recenseur 1, dans South Hull, permet d’authentifier cette affirmation.
[7] Ce fait est aussi vérifiable avec le cinquième recensement.
[8] Diane Aldred, Le chemin d’Aylmer, une histoire illustrée, Association du patrimoine d’Aylmer, Aylmer (Québec), 1994, p.43.
[9] RICHARD M. BÉGIN, «L’hôtel British d’Aylmer : au cœur de l’histoire de la Vallée de l’Outaouais » Histoire Québec, VOLUME 10 NUMÉRO 2 NOVEMBRE 2004
http://www.histoirequebec.qc.ca/publicat/vol10num2/v10n2_2hb.htm
[10] Idem
[11] op. cité de Lucien Brault dans Lab MIT, (UQO), « Le quartier Deschênes : une vision d’avenir enracinée dans son histoire et sa géographie, Rapport de recherche-action déposé au Groupe Communautaire Deschênes », p.27.
[12] Traduction libre de l’anglais pour « stables ».
[13] op. cité de Diane Aldred dans Lab MIT, (UQO), « Le quartier Deschênes : une vision d’avenir enracinée dans son histoire et sa géographie, Rapport de recherche-action déposé au Groupe Communautaire Deschênes », p.26.
[14] Lab MIT, (UQO), « Le quartier Deschênes : une vision d’avenir enracinée dans son histoire et sa géographie, Rapport de recherche-action déposé au Groupe Communautaire Deschênes », p.27.
[15] Idem. Le site Web « Mettre Deschênes sur la mappe » du CREDDO et du Groupe communautaire de Deschênes ajoute à ce sujet que « In 1895, Conroy’s sons Robert and William built the region’s first hydro-electric plant here. It powered the Hull Electric Railway, which began service between Ottawa and Aylmer in 1896. Drive back up Vanier Road toward Aylmer Road and ass you cross Lucerne Blvd., note the long greystone building to your right: rail cars were stored here during the heyday of the electric train[15]. »
[16] Wikipédia – http://memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=Gatineau_(municipalité_de_ville)
[17] Diane Aldred, Le chemin d’Aylmer, une histoire illustrée, Association du patrimoine d’Aylmer, Aylmer (Québec), 1994, p. 178. Ce chemin prend le nom de Vanier en l’honneur du premier gouverneur général d’origine canadienne-française en 1960 selon cette même source.
[18] Communauté chrétienne de Saint-Médard d’Aylmer, 1923-1998, « Une communauté chrétienne vivante », page 21. Cette source explique que l’église n’a que le statut d’une mission avant 1923.
[19] Ce travail ne compte qu’une feuille de recensement. Elle est celle où mes ancêtres Tremblay qui y figurent peu de temps après s’être installer à Deschênes.

[1] Outre que l’original de « Hull & Vicinity, Que » la Collection Plans d’assurance-incendie / Chas, E Goad Co ; Underwriter’s Survey Bureau Ltd est reproduit vers 1980 à partir des originaux créés de 1880 à 1952 – 1134 photographies : diapositives de verre ; 7 X 7 cm. Cote ZC5

[2] Vous pouvez trouver ce plan numérisé à BAC – http://data2.archives.ca/e/e428/e010695084-v8.jpg

[3] Collection Paul Brunet. « Hull & Vicinity, Que » 1903-1921, Montréal : Chas. E. Goad, Civil Engineer – 44 plan(s) : coul. ; 61 X 67 cm, BAnQ, Centre régional des archives de l’Outaouais, cote P61.

[4] La certification de la carte de 1903 mentionne « Entered according to Act of Parliement of Canada in the year Nineteen Hundred and Three, by Chas E Goad in the office of the minister of Agriculture at Ottawa »

[5] Robert J. Hayward, Plans d’assurance-incendie de la Collection nationale de cartes et plans, Collection nationale de cartes et plans, Ottawa, 1977,

[6] Index, « Hull & Vicinity, Que. », Janvier 1903, révisé en mai 1908. http://collectionscanada.gc.ca/pam_archives/index.php?fuseaction=genitem.displayItem&lang=eng&rec_nbr=3823774&rec_nbr_list=4137739,3821551,3855183,3827571,3820161,3824226,3823774,3934773,3855189,3855201