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L’Asticou, lieu des trois portages sur la rivière des Outaouais

L’Asticou, lieu des trois portages sur la rivière des Outaouais

 

Aux pieds où sied maintenant le parlement fédéral à Ottawa, se trouve la chute des Chaudières que Samuel de Champlain décrit comme l’endroit de la marmite bouillonnante telle une grande chaudière où se dégage une bruine de vapeur. Champlain emprunte surement la rive nord sur des lieux d’arrêt obligatoire au cours de ses voyages sur l’Outaouais. D’ailleurs, l’explorateur-cartographe caractérise l’endroit dans les récits de son voyage de 1613. Il illustre ce lieu en le représentant par cette pointe de terre méridionale sur la rive nord de la rivière des Outaouais de la carte de 1632.

Carte de Sieur Samuel de Champlain, 1632
Carte de Sieur Samuel de Champlain, 1632

La chute des Chaudières a pris son nid naturellement au retrait de la mer Champlain à la toute fin de la dernière période de glaciation. Cet obstacle naturel impose une série de trois portages à tous les voyageurs. Les Chaudières se contournent à partir d’un réseau de sentiers étroits permettant de suivre par voie terrestre la rive nord de l’Asticou, le nom utilisé de la chute par certaines nations algiques. L’Asticou est aussi un lieu de rassemblement et de recueillement spirituel de la grande nation algonquine, très discrète depuis les guerres iroquoises du 17e siècle. Dans la région, les Algonquins y assument fièrement le rôle de gardien de la forêt où abonde le castor et ce, jusqu’à l’arrivée du groupe d’associés du chef de canton Philemon Wright au début du 19e siècle.

"Indiens
Charles William Jefferys (1869-1951)
Indiens rendant hommage aux esprits de la Chaudière
Collection Imperial Oil, BAC

Des rares traces du patrimoine sur la traite des fourrures amènent à croire que les familles marchandes Miville-Deschênes et Gatineau sont actives dans la région dès le 17e siècle. Ces marchands de fourrure sont alors très familiers avec l’Asticou qui impose nombreux arrêts pour franchir les trois portages nécessaires avant d’atteindre les eaux calmes à l’est du lac Deschênes afin de poursuivre leur voyage sur l’Outaouais supérieur. Le premier sentier est d’une longueur de 643 pas. Les voyageurs doivent débarquer de leur embarcation et entreprennent leur périple avec l’ensemble des contenus de l’équipage lourdement chargé et leur canot sur leurs épaules.

"Chats
Philip John Bainbrigge(1817-1881)
Chats Rapids, near Ottawa ( Ontario ), ca. 1838-1841
Collection Philip John Bainbrigge, BAC C-011854,
SOURCE: ICON 1368

Le deuxième portage à la petite Chaudière impose un transport terrestre de 700 pas. Le troisième portage aboutit aux rapides Deschênes, et il oblige l’équipage à franchir les 740 pas pour atteindre les eaux calmes et navigables du lac Deschênes sur l’Outaouais.

Bibliothèque et Archives Canada : C-002772 Crédit : BAC, No. Acc. 1989-401-4
Groupe de voyageurs autour d’un camp de feu ca. 1870
Source : Bibliothèque et Archives Canada C-002772
Crédit : Bibliothèque et Archives Canada Acc. No. 1989-401-4

Les arrêts de navigation obligatoires à la chute des Chaudières jusqu’aux rapides Deschênes exigent de grands efforts physiques aux voyageurs. Ils ont à porter leurs charges avec agilité sur des sentiers étroits menant d’un portage à l’autre tout en transportant leur grand canot sur leurs épaules.

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Lieu de débarquement du troisième portage au rapide de Deschênes.
Analyse du potentiel archéologique au rapide menée par le GRAO et l’Association des résidents de Deschênes, Automne 2012, Collection Lisa Mibach.

Des obstacles naturels obstruent le passage non loin de l’embouchure de la rivière Gatineau jusqu’au lac Deschênes. Sur la rivière Gatineau, il y a aussi un lieu de portage contraignant aux rapides Farmer qui obligent ainsi les voyageurs à rester quelques jours sur les péninsules où naîtra la future ville de Gatineau.

BAC-Rapides Farmer-c003516k
Jenny Russell Simpson (1847-1936)
Vue des rapides Farmers, sur la rivière Gatineau, à partir de l’île Wright (Québec), 20 août 1879
Collection Amy Cau, BAC C-003516
SOURCE: ICON 181740

Des sentiers reliant la fin des portages à l’ouest des Chaudières jusqu’au lieu de départ vers le nord sur la rivière Gatineau débutant aux rapides Farmer se joignent tous deux par un réseau de sentiers menant aux rapides Deschênes jusqu’aux collines de la Gatineau. Au 19e siècle, certains de ces sentiers s’élargiront plus tard et deviendront les premières routes qu’emprunteront les colons. Le chemin Vanier, le chemin de la Montagne et le chemin Rivermead en sont quelques exemples.

Frances Anne Hopkin, Descente des rapides, Québec (Québec ),  Collection Hopkin, Bibliothèque et Archives du Canada, 1879
Frances Anne Hopkin,
Descente des rapides, Québec (Québec ),
REPRODUCTION : C-002774,
Collection Hopkin, Bibliothèque et Archives du Canada, 1879,
SOURCE: ICON 181548

Source au sujet de la période de la fin de la glaciation en Outaouais

Jean-Luc Picard, « Les sites archéologiques de la vallée de l’Outaouais », Kichi Sipi, à la découverte de la mémoire ancienne de notre région, Musée canadien des civilisations, Mise à jour le 3 juin 2010

Source au sujet du site des trois portages

Chad Garfield et al., « La rivière des Outaouais :1650-1791 », Histoire de l’Outaouais, Institut national de la recherche scientifique (INRS-Culture et société), p.95-97.

Source pour le réseau des sentiers et des premières routes de l’Outaouais

Diane Aldred, « L’intersection du Chemin Deschênes », et la « La route menant au lac », Le Chemin d’Aylmer, une histoire illustrée, Association du patrimoine d’Aylmer, Aylmer (Québec), 1993, p. 18 et pp. 178-179.

Charles William Jefferys, (1869-1951) illustre la cérémonie du tabac pratiquée par les Algonquins- « Indiens rendant hommage aux esprits aux Chaudières », Collection Imperial Oil Collection à Bibliothèque et Archives Canada,

Au sujet du marchands français et de la traite des fourrures en Outaouais,

Raymond Ouimet, Pierre Miville-Un ancêtre exceptionnel, Les Éditions du Septentrion, 1989, 132 pages et Raymond Ouimet et Nicole Mauger, Catherine de Baillon, Enquête sur une fille du roi, Les Éditions du Septentrion, 2001, 264 pages.

L’activité de la fourrure à Gatineau du 17e et 18e siècle fait peu objet de l’historiographie québécoise. Michel Filion a caractérisé dans « La traite des fourrures au XVIIIe siècle : essai d’analyse statistique et d’interprétation d’un processus » la nature des changements dans la traite suite à la conquête. Il révèle en conclusion qu’il se pose nombreux problèmes d’interprétation lorsqu’on tente de mesurer le changement dans le commerce de fourrure entre les périodes du régime français et du régime britannique. Il y a aussi aucun type de documentation sérielle autres que les registres de congés de traite déposés par Edmond-Zotique Massicotte à Montréal en 1920.

Il devient alors difficile de cerner l’envergure de la traite des fourrures dans la région de l’Outaouais. Le travail le plus exhaustif au sujet de la traite des fourrures dans le comté de l’Ottawa au 19e siècle sont les travaux de l’historien Michael Newton, « Some notes on Bytown and the fur Trade », The Historical Society of Ottawa, Bytown Pamphlet series. no 5, 1991 et Michael Newton, « La maison Charron : Symbole d’une vision contrariée », Outaouais, Le Hull disparu, Institut d’histoire régionale de l’Outaouais, 1982. Cet historien traite des enjeux de la traite des fourrures au début de la colonisation de l’Outaouais. Malheureusement, l’historien travaillant pour le compte de la Commission de la capitale nationale du Canada, Michael Newton décède avant que ne se complète son étude des postes de traite dans le comté de l’Ottawa au 19e siècle. Le dernier site recensé par monsieur Newton est celui sur le lot 19 du premier rang du canton de Hull selon Bruce Elliot de l’Université Carleton à Ottawa.

Voici des articles consultées disponible en ligne sur le site Web des publications du Réseau du patrimoine de Gatineau.

Outaouais, le Hull disparu, no.1 (1988) Société d’histoire de l’Outaouais, 89 p.

  • Michael Newton, « La maison Charron : symbole d’une vision contrariée », Outaouais, le Hull disparu, no.1 (1988) Société d’histoire de l’Outaouais, p.11-15

Voir aussi La revue de la société d’histoire de l’Outaouais, Asticou no5 disponible en ligne sur le site Web Réseau du patrimoine de Gatineau.

Asticou, cahier no. 5 (mars 1970), Société historique de l’Ouest du Québec, 35 p.

Les trois articles suivants retiennent notre attention dans le cadre de cette recherche :

  • Augustin Potvin, «Fouilles archéologique à Hull?» dans Asticou, cahier no. 5 (mars 1970), Société historique de l’Ouest du Québec, p. 4.
  • Guillaume Dunn, «L’Outaouais : histoire d’une rivière» dans Asticou, cahier no. 5 (mars 1970), Société historique de l’Ouest du Québec, p. 5-15.
  • «Les origines du canton de Hull d’après Philémon Wright» dans Asticou, cahier no. 5 (mars 1970), Société historique de l’Ouest du Québec, p. 17-30.

Asticou, cahier no. 6 (octobre 1970), Société historique de l’Ouest du Québec, 30 p.

  • Gilles Lemieux, «Quelques noms indiens de chez nous» dans Asticou, cahier no. 6 (octobre 1970), Société historique de l’Ouest du Québec, p. 26-27.

Asticou, cahier no. 7 (juin 1971), Société historique de l’Ouest du Québec, 34 p.

  • Roger Marois, «L’archéologie au Québec» dans Asticou, cahier no. 7 (juin 1971), Société historique de l’Ouest du Québec, p. 31-33.

Voir aussi La revue de la société d’histoire de l’Outaouais, Asticou no 15, avril 1976.

  • Guillaume Dunn, «Fort-Coulonge : site archéologique», dans Asticou, cahier no 15 (avril 1976), Société historique de l’Ouest du Québec, p.16-23
La rivière des Outaouais et ses histoires méconnues

La rivière des Outaouais et ses histoires méconnues

L’histoire de l’Outaouais a évolué au gré des particularités des emplacements géographiques le long de la grande rivière. L’Outaouais est d’abord la voie navigable vers le cœur du continent. Au 19e siècle, la rivière devient aussi une ligne de partage géopolitique, économique et culturelle. Son nom nous révèle déjà une de ses particularités, car ce toponyme est retenu que depuis un peu plus d’un siècle[1]. Il se réfère surtout au nom donné à une nation amérindienne n’ayant jamais occupé le bassin versant de la grande rivière. Cette nation occupe le nord du Lac Huron, ils sont de grands commerçants de nation algique, et Pontiac en est le chef le plus connu de l’historiographie québécoise. Depuis le 17e siècle, les Outaouais utilisent la rivière pour atteindre les Français dans la vallée du Saint-Laurent. Les premiers occupants du bassin versant sont les Algonquins, et la nomment d’ailleurs « Kitchissippi » signifiant la Grande rivière[2]. Ce toponyme est aussi retenu par Joseph Bouchette en 1813[3].

Les cantons sur la "Grand River" en 1802
Joseph Bouchette, A Plan of the new townships on the Grand or Ottawa River, Numéro d’identification : 2663014, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Une histoire de commerce plus de millénaire

Au prime abord, les berges de l’Outaouais se sont formées au retrait des grandes eaux de la mer Champlain, il y a plus de 6000 ans à la fin de l’ère glacière. L’héritage ancestral des Algonquins nous permet par la suite de remonter le temps jusqu’à la fin de la période sylvicole au moment des premiers contacts avec les Européens. Cependant, cette route fluviale est très tôt incorporée aux réseaux routiers du commerce amérindien en Amérique. « Par cette dernière voie, transitent, bien avant l’arrivée des Européens, le cuivre, les pierres à feu, l’obsidienne et les os de baleine[4] ». L’importance économique de la rivière ne peut alors pas être reniée et ce, bien avant l’arrivée des premiers Européens dans la région. En 1613, Samuel de Champlain cartographie le territoire, et il nous fait connaître ainsi les peuples des forêts de l’est.

Carte de Sieur Samuel de Champlain, 1632
Carte de Sieur Samuel de Champlain, 1632

La rivière du Nord

« Pour les coureurs des bois, l’Outaouais était la rivière du Nord, parce qu’elle les menait aux vastes régions giboyeuses des «pays d’en haut », c’est-à-dire les immenses étendues de forêt auxquelles on accédait en remontant le cours des affluents du Saint-Laurent[5] ». Dès lors, l’ensemble des explorateurs, des militaires, des missionnaires et des coureurs des bois emprunte cette route du nord vers les « pays d’en haut » pour rejoindre par cette voie navigable, l’intérieur des différentes régions du continent nord-américain. C’est aussi à cette époque que les Algonquins surnomment ce cours d’eau Mahamoucédé, « la rivière de commerce[6] » ou selon Richard Nadeau, « adawe » signifiant « acheter ou vendre[7] ». Guillaume Dunn nous fait aussi remarquer que « la colonisation fut extrêmement lente à démarrer dans la vallée de l’Outaouais[8] ». Cette terre conserve sa splendeur sous l’occupation des Algonquins jusqu’au début du 19e siècle.

Bibliothèque et Archives Canada : C-002772 Crédit : BAC, No. Acc. 1989-401-4
Groupe de voyageurs autour d’un camp de feu ca. 1870
Source : Bibliothèque et Archives Canada C-002772
Crédit : Bibliothèque et Archives Canada Acc. No. 1989-401-4

Les lieux de portages aux chutes de la Chaudière

La rivière représente un défi de taille pour toute personne s’y aventurant jusqu’à la fin du 19e siècle. Les obstacles naturels font en sorte que de nombreux portages sont de mises pour les contourner. La rive nord de l’Outaouais est le lieu privilégié pour le débarquement lors des portages obligatoires[9]. Cette situation amène les cartographes de l’époque à décrire à leur façon ces lieux de portage. Certains noms des marchands de fourrure sont retenus dans la toponymie des lieux de traite populaires[10], tandis qu’ailleurs ce sont les traductions des noms usuels amérindiens inspirées de la géographie du territoire.

Les rapides de Deschênes

Un de ces lieux de portages d’importance est les rapides de Deschênes que l’on voit apparaître sur les cartes du 19e siècle. Ces rapides sont situés à la pointe le plus au sud de la rivière des Outaouais. L’origine de son nom demeure toujours du débat. Certains historiens attribuent ce nom à la description vague laissée dans les écrits  de Chevaliers de Troyes en 1686 qui rapporte la présence de nombreux chênes dans les environs[11]. La question demeure que le nom « des chênes » se traduit très bien en anglais et que cette terminologie s’utiliserait facilement en cartographie au 19e siècle où toutes les cartes officielles sont de langue anglo-saxonne. Ainsi, cette petite pointe de terre faisant fi aux abords des rapides de Deschênes demeure toujours une énigme à élucider surtout sachant que la famille Miville-Deschênes de Québec et de Trois-rivières est très active dans les environs durant la longue période de la traite des fourrures qui prend graduellement fin vers 1831[12].

Le nom enregistré de "Jacques Miville Sieur desChesnes".  Signature à Québec le 19 octobre 1669 dans le contrat de mariage de Duquet entre Jacques Miville et Catherine de Baillon.  Voir : http://www.miville.com/genealogie.htm
Le nom enregistré de « Jacques Miville Sieur desChesnes ».
Signature à Québec le 19 octobre 1669 dans le contrat de mariage de Duquet entre Jacques Miville et Catherine de Baillon.
Voir : http://www.miville.com/genealogie.htm

Le symbolisme de l’ouverture de la région

Il demeure qu’au tournant du 19e siècle, l’Outaouais est toujours une voie navigable du commerce maintenant son importante économique dans le développement des colonies britanniques et de son expansion vers l’ouest, et ce jusqu’au début du rail dans la région dans la deuxième partie du 19e siècle. Navigants vers cette nouvelle région de colonisation, les Loyalistes, les Américains, les Canadiens, les Irlandais, les Écossais et les Allemands ont tous façonné à leur manière l’environnement et les différents milieux socioculturels sur le bassin versant de l’Outaouais. C’est aussi en 1791 que la rivière devient la ligne de démarcation transfrontalière entre le Bas-Canada et le Haut-Canada. La carte Joseph Bouchette, A Plan of the new townships on the Grand or Ottawa River confirme en 1813 cette ligne de démarcation.  Ainsi le peuplement colonial s’amorce en 1800 que les lieux des trois portages des chutes de la Chaudière deviennent des milieux d’occupation européenne et le fief d’importance du développement économique du Bas-Canada. C’est de ce développement colonial que s’attribue d’abord l’essor de l’économie du bois au Bas-Canada. C’est aussi en Outaouais que le monde politique vit de près l’Union des deux Canada en 1840. D’ailleurs,  c’est aux chutes de la Chaudière qu’est érigé le pont de l’Union en 1841 reliant symboliquement le Haut-Canada au Bas-Canada[13]. Ce symbolisme ne peut qu’accentuer le rôle politique et économique de ces colonisateurs de la région sur l’histoire du Canada.

D’une forêt à une région fortement industrialisée en moins d’un siècle

Ainsi, l’arrivée de Philemon Wright et de son groupe d’associés amorce en moins d’un siècle le peuplement qui voit disparaître cette vaste forêt de chênes et de grands pins au profit d’un amas de villages détenant chacun leur microhistoire. Déjà en 1832, Joseph Bouchette explique que « The inhabitants in 1824 were placed under the superintendence of Mr. Wright, who has adopted various means to excite the industry and secure the comfort and happiness of all classes of his little colony; and perhaps in no part of the province will be found more industry and a better understanding among the settlers, for they seem universally to enjoy a degree of ease and comfort seldom to be met with in settlements of such recent date : every thing exhibits a degree of affluence and social prosperity not reasonably to be expected in settlements formed within 30 years ».

Chaudiere Falls with Bridge over the Ottawa River, Bytown (Ottawa), ( Ontario ), January, 1839 Bibliothèque et Archives Canada, C-000509 SOURCE: ICON 304
Chaudiere Falls with Bridge over the Ottawa River, Bytown (Ottawa), ( Ontario ), January, 1839
Bibliothèque et Archives Canada, C-000509
SOURCE: ICON 304

Alors, le canton de Hull devient un lieu de développement primé dans la colonie basse-canadienne. L’accélération du développement économique transforme radicalement le paysage de l’Outaouais jusqu’à là jalousement conservé par les nations algonquines. Les terres environnantes se peuplent rapidement. Les communautés se développent au même rythme que s’accélère l’économie du bois. Hull devient pour un temps la troisième ville en importance au Québec à la fin du 19e siècle.

Philemon Wright est le leader du canton de Hull, mais qu’en est-il l’histoire de ses associés et de leurs descendants ?

L’Outaouais devient alors un lieu de rencontre de différentes origines et cultures. Chacune des communautés ajoute sa propre essence culturelle aux villages de la région. Il est aussi à noter que certaines de ces microhistoires sont mieux connues que d’autres. Longtemps l’histoire de l’Outaouais s’amorce avec l’établissement de la famille de Philemon Wright. Il demeure que l’histoire de ses associés et leurs descendants est méconnue de l’historiographie québécoise. Il faut rappeler ici que le succès du développement du canton de Hull est un effort de groupes et d’un consensus établis entre les associés et leur chef Philémon Wright. Ainsi passe sous silence l’histoire des hommes et des femmes qui ont contribué à l’essor de ce vaste milieu urbain en Outaouais mieux connu aujourd’hui sous le nom de la ville de Gatineau. Sans renier le rôle de la famille Wright dans le développement de la région, il est temps que s’élargisse l’histoire des débuts de la grande ville de Gatineau. Il se dénote alors rapidement plusieurs contrariétés et plusieurs énigmes qui nuancent l’histoire officielle de la région et des communautés formant aujourd’hui la ville de Gatineau.

Établissement du canton de Hull
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Plan of part of the Township of Hull situated on the northerly side of the Ottawa River in the Province of Lower Canada. Théodore Davis – 1802 – Fonds Ministère des Terres et Forêts; Cote: E21,S555,SS1,SSS1,PH.17A, Cartothèque, Centre d’archives de Montréal.

Le lot 15 sur le 1er rang du canton de Hull

C’est ainsi que cet essai se tourne sur l’historique du premier rang à mi-chemin entre les deux premiers villages du canton de Hull (Aylmer et Hull). Sur ces lieux se révèlent une histoire semée d’intrigues et de mystères. C’est sur le lot 15 qu’il est possible d’avoir un nouveau regard sur les débuts de la ville de Gatineau. Ce n’est que par les traces de son patrimoine qu’il est possible de faire valoir cette histoire qui a peu préoccupé les érudits de notre discipline. Ce lot 15 est situé sur cette pointe de terre d’un ancien lieu de portage  de la Chaudière bien connu et achalandé sur une longue période de l’histoire de l’Outaouais. Ainsi, les sources archivistiques et les vestiges de son patrimoine nous amènent à comprendre autrement l’établissement dans le canton de Hull et les moyens utilisés contribuant entre autres, à l’essor de la bourgeoisie marchande de la région. Il s’offre ainsi un aperçu différencier sur le mouvement migratoire et le développement socio-économique sur la pointe la plus au sud de la région de l’Outaouais.

Sources :

[1] Guillaume Dunn,  « L’Outaouais, l’histoire d’une rivière » Asticou, no 5 (Mars 1970), Société d’histoire de l’Outaouais, p.5. http://www.reseaupatrimoine.ca/documents/Cahier_5_asticou.pdf

[2] Guillaume Dunn,  « L’Outaouais, l’histoire d’une rivière » Asticou, no 5 (Mars 1970), Société d’histoire de l’Outaouais, p. 5. http://www.reseaupatrimoine.ca/documents/Cahier_5_asticou.pdf

[3] Joseph Bouchette, A Plan of the new townships on the Grand or Ottawa River, 1813, Collection des cartes et plans de la BAnQ, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.  Voir aussi A Plan of the New Townships on the Grand or Ottawa River, 1813 sur le site Parcours du patrimoine à l’adresse https://sites.google.com/site/parcoursdupatrimoine/le-lot-15-rang-i-du-canton-de-hull/1-lecture-geographique-des-rangs-et-des-cantons-en-outaouais-1/c–usage-des-cartes-et-des-plans-anciens-du-19e-siecle/b-a-plan-of-the-new-townships-on-the-grand-or-ottawa-river-1813

[4] Chad Gaffield et al. « La grande rivière des Algonquins : 1600-1650 », L’histoire de l’Outaouais, Les régions du Québec ;6, Institut québécois de recherche sur la culture, 1994,  Québec, p. 81.

[5] Guillaume Dunn,  « L’Outaouais, l’histoire d’une rivière » Asticou, no 5 (Mars 1970), Société d’histoire de l’Outaouais, p. 5. http://www.reseaupatrimoine.ca/documents/Cahier_5_asticou.pdf

[6] Chad Gaffield et al. « La grande rivière des Algonquins : 1600-1650 », L’histoire de l’Outaouais, Les régions du Québec ;6, Institut québécois de recherche sur la culture, 1994,  Québec, p. 78.

[7] Richard Nadeau, « La rivière des Outaouais, la voie royale vers l’ouest », Histoire Québec, vol. 11, no 2, 2005, p. 35.

[8] Guillaume Dunn,  « L’Outaouais, l’histoire d’une rivière » Asticou, no 5 (Mars 1970), Société d’histoire de l’Outaouais, p. 13. http://www.reseaupatrimoine.ca/documents/Cahier_5_asticou.pdf

[9] La géographie de la rivière joue un rôle déterminant sur l’accostage des canots sur les berges. Cette situation s’explique par le fait que les vents dominants de l’ouest érodent davantage les berges du nord formant plus de plages sablonneuses. De plus, le mouvement du courant fluvial est-ouest facilite le débarquement des embarcations sur la rive nord.

[10] Raymond Ouimet,  « Ville de Pointe-Gatineau (1876-1974) – Historique » http://www.gatineau.ca/docs/histoire_cartes_statistiques/archives/docs/pg_hist.htm

[11] Lucien Brault nomme le territoire Des-Chênes et il explique que le nom des rapides Deschênes « vient du fait que de nombreux chênes y poussent sous le régime français selon le chevalier de Troyes en 1686 » et il ajoute que les Algonquins nomment l’endroit « Miciminj » qui veut dire « là où pousse le chêne ». Lucien Brault, Aylmer d’hier / of Yesterday, Institut d’histoire de l’Outaouais, Aylmer, Québec, page 233. Chad Garfield utilise aussi cette source pour confirmer le nom des rapides. Chad Gaffield et al. « La grande rivière des Algonquins : 1600-1650 », L’histoire de l’Outaouais, Les régions du Québec ;6, Institut québécois de recherche sur la culture, 1994,  Québec, p.

Cependant, le Captain Andrew Jackson de Nepean (établissement sur la rive sud des rapides de Deschênes) écrit Deschene sur la carte dessinée et remise avec une pétition aux autorités coloniales en 1831. Archives de l’Ontario, Plan of R 1, c-IV, Nepean, lot 30, con 1 (of), tiré du livre de Bruce Eliot, The City Beyond, p. 11. De plus, la carte d’assurance incendie Goad nomme l’endroit Deschènes. Collection Paul Brunet. « Hull & Vicinity, Que » 1903-1921, Montréal : Chas. E. Goad, Civil Engineer 
- 44 plan(s) : coul. ; 61 X 67 cm, BAnQ, Centre régional des archives de l’Outaouais, cote P61.

Il est alors de mise de se questionner sur l’origine du nom Deschênes car il est aussi connu que la famille de grands marchands de fourrure de Québec est très active dans la région depuis le régime français. Cette activité se poursuit au 19e siècle et cette famille exploite la fourrure pour le compte de la famille McGillivray dont Murdoch travaillant pour la Compagnie du Nord-Ouest et comme traiteur indépendant au poste de traite des rapides de Deschênes. Michael Newton, « La maison Charron : Symbole d’une vision contrariée », Outaouais, Le Hull disparu, Institut d’histoire régionale de l’Outaouais, 1982, p. 12 et Michael Newton, Some notes on Bytown and the fur tradeThe Historical Society of Ottawa, Bytown Pamphlet series. no 5, 1991, p. 3.

[12] Michael Newton, « La maison Charron : Symbole d’une vision contrariée », Outaouais, Le Hull disparu, Institut d’histoire régionale de l’Outaouais, 1982, p. 12 et Michael Newton, Some notes on Bytown and the fur tradeThe Historical Society of Ottawa, Bytown Pamphlet series. no 5, 1991, p. 3.

[13] Archives nationales du Canada, «  Au dessus de la rivière des Outaouais, l’union tient par deux câbles », Les trésors des archives nationales du Canada, Les Éditions du Septentrions, Sillery, Québec, p.  62.