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La famille McConnell-Conroy

La famille McConnell-Conroy

Mary McConnell, pionnière du canton de Hull (1816-1887)

Les chutes de la Chaudière et le pont sur la rivière Outaouais, Bytown (Ottawa)- Bibliothèque et Archives Canada, c00050, MIKAN 2895118
Les chutes de la Chaudière et le pont sur la rivière Outaouais, Bytown (Ottawa)-
Bibliothèque et Archives Canada, c00050,
MIKAN 2895118

Mary McConnell naît en 1816 sur la ferme familiale de son père, William, situé sur le rang 1 du canton de Hull. Elle grandit dans les environs des chutes Chaudières à proximité du réseau des sentiers des trois portages. Elle est d’ailleurs de la première génération de McConnell à naître dans le canton de Hull au Bas-Canada. Elle épouse Robert Conroy en 1837. Il est inusité de commencer une histoire de famille par l’histoire de la mère. D’ailleurs, Chad Gaffield remarque : « Et même si, dans les documents officiels, le crédit en est généralement attribué au chef de famille, il ne faut pas oublier que la réussite, dans le domaine de la terre et de la forêt, doit être attribuée à la famille tout entière[1]. »

À la lecture des documents légaux du fonds d’archives de la famille Conroy à la BAnQ de Gatineau, nous remarquons rapidement que Mary McConnell joue un rôle pilier dans l’essor des industries à Deschênes. Elle ne se distingue pas des autres femmes d’affaires nées au Bas-Canada. « Outre le soin des enfants, elle joue un rôle de premier plan dans le maintien des relations familiales et sociales et prend en charge, comme les autres, de la conduite des affaires de son mari[2]. » Malheureusement, il reste peu de traces qui prouvent de l’implication de Mary McConnell dans les affaires de la famille Conroy.

Traces du patrimoine de la famille McConnell

Le chemin McConnell et quelques bâtiments historiques le long du chemin d’Aylmer font toujours partie des traces du patrimoine de cette famille pionnière. La maison McConnell, rappelle la croissance d’une zone agricole stable dans le canton de Hull. La famille McConnell est considérée parmi les personnes qui ont contribué à l’essor du canton de Hull. Le bâtiment historique ci-dessous construit vers 1850, est la maison de William H. McConnell, le frère de Mary. Il est un exemple typique des maisons de ferme construites par les descendants des premiers pionniers[3]. Il y a aussi sur le chemin d’Aylmer la maison James McConnell (oncle), et celle de son fils, Richard (cousin de Mary), qui est aussi étroitement associé en affaires à la famille Conroy.

Patrimoine de la famille McConnell

Ferme McConnell, Aylmer, Gatineau  MRC : Gatineau  Reférence : 000070  Cote archives : V006/0006  Source : Section gestion des documents et des archives de la Ville de Gatineau  No fiche : 5066 Cette maison de ferme fut construite par William H McConnell fils au cours des années 1850. (Coup de coeur, 2006; Aldred, 1994, p. 146.)
Ferme McConnell,
Aylmer, Gatineau
Reférence : 000070
Cote archives : V006/0006
Source : Section gestion des documents et des archives de la Ville de Gatineau
No fiche : 5066

Le cimetière Bellevue (cimetière de l’Ouest ou cimetière Conroy) fait partie de l’inventaire immobilier de la famille Conroy de 1872 à 1902. Cette partie du cimetière est directement en face de la maison McConnell sur le côté sud du chemin d’Aylmer[4]. Le cimetière a maintenant besoin de soin pour lui redonner son air d’antan. Plusieurs pierres tombales sont brisées ou ont besoin d’être remises à niveau.

Cimetière Bellevue, chemin d'Aylmer. 2014, Collection Lisa Mibach
Cimetière Bellevue, chemin d’Aylmer.
2014,
Collection Lisa Mibach

Brasser les affaires à l’ouverture de la région : la famille McConnell

Le père de Mary, William McConnell, est du groupe d’associés au chef du canton de Hull, Philemon Wright. Il y développe une grande ferme qui est fondamentale aux pionniers qui doivent assurer leur autonomie alimentaire en région de colonisation. Les surplus sont transformés en farine, en pain, en produit laitier ou en animaux de boucherie. Ces biens sont acheminés vers les chantiers forestiers, les postes de traite et les nouveaux lieux de colonisation de la région de l’Outaouais.

Hull, Bas-Canada Vue sur la rivière des Outaouais à la chute des Chaudières.En arrière plan, on aperçoit les fermes riveraines le long du chemin d'Aylmer. (1830) Source : Archives of Ontario, C 10006. Thomas Burrowes fonds. Hull, on the Chaudière Falls [1830].
Hull, Bas-Canada
Vue sur la rivière des Outaouais à la chute des Chaudières.En arrière plan, on aperçoit les fermes riveraines le long du chemin d’Aylmer.
(1830)
Source : Archives of Ontario, C 10006. Thomas Burrowes fonds. Hull, on the Chaudière Falls [1830].

Le rang 1 du canton de Hull

Mary McConnell grandit sur le rang 1 parmi les territoires les plus connus des trappeurs, des voyageurs, des missionnaires, des marchands et des explorateurs naviguant sur la rivière des Outaouais depuis plusieurs siècles. Ces terres sont ponctuées de lieux de portage imposant de nombreux efforts physiques des voyageurs. Il est aussi le seul rang qui a directement accès aux ressources hydrauliques en dehors de la sphère d’influence de Philemon Wright dans le canton de Hull. Les trois frères McConnell (James, William et George) détiennent plusieurs lots sur les rangs 1 et 2, d’ailleurs, le chemin McConnell est tracé à la limite nord du rang 2.

Établissement du canton de Hull
BAnQ, Plan of part of the Township of Hull situated on the northerly side of the Ottawa River in the Province of Lower Canada. Theodore Davis – 1802 – Fonds Ministère des Terres et Forêts; Cote: E21,S555,SS1,SSS1,PH.17A.

À la frontière entre la fourrure et le bois

Les McConnell ont le privilège d’avoir accès à la rivière des Outaouais par le lac Deschênes et à deux routes hautement fréquentées (ch. Aylmer et ch. Vanier) en plus du sentier (ch. Rivermead) menant à la tête des rapides Deschênes où se trouve une scierie et des moulins appartenant à un mystérieux Ithamar Day, marchand indépendant de fourrures de l’ancienne compagnie : Compagnie du Nord-Ouest (CNO). D’ailleurs, le verso du 0,05$, le castor, est la marque de commerce de la CNO.

Blason de la Compagnie du Nord-Ouest Montréal, Compagnie fondée en 1783
Blason de la Compagnie du Nord-Ouest,
Montréal,
Compagnie fondée en 1783.

Exploitants des ressources forestières

James et William McConnell ont aussi un magasin-entrepôt sur le lot 14 près des rapides Deschênes où, en 1832, l’arpenteur général du Bas-Canada, Joseph Bouchette, qualifie les lieux comme un des 2 endroits idéaux, l’autre étant Aylmer, pour y installer le premier village du canton de Hull[5]. Ce magasin répond surtout aux besoins des résidents et des voyageurs en transit sur les sentiers entre les trois lieux de portage dans les environs de la chute des Chaudières. D’autant plus, le magasin-entrepôt de James et de son frère, William McConnell profite de l’achalandage sur le lot voisin où il y a une scierie et le poste de traite McGillivray & Day aux rapides Deschênes. Le magasin-entrepôt aux rapides Deschênes et les concessions forestières atteignant le lac Témiscaminque sont à proximité des postes de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH). Cette situation rappelle des rivalités entre les marchands indépendants de l’ancienne CNO de Montréal et de sa rivale britannique, CBH, en plus, que l’exploitation forestière ne se limite pas qu’au bois en Outaouais. D’ailleurs, c’est le gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, George Simpson,  qui affirme : « Every lumber Contractor and Labourer is a Trader.[6]».

Bibliothèque et Archives Canada : C-002772 Crédit : BAC, No. Acc. 1989-401-4
Groupe de voyageurs autour d’un camp de feu ca. 1870
Source : Bibliothèque et Archives Canada C-002772
Crédit : Bibliothèque et Archives Canada Acc. No. 1989-401-4

Le bois et la fourrure

Il y a tout pour croire que la fourrure maintient davantage son importance devant la production agricole et l’industrie du bois pour la famille McConnell. William, père de Mary, et son oncle, James McConnell, succèdent à Ithamar Day qui quitte définitivement la région en 1831[7]. Day cède ses droits sur la partie ouest de lot 15, rang 1, à son fils, Charles Dewey Day. Ce dernier devient un des juges les plus marquants de l’histoire canadienne ayant entre autres, participé à la rédaction du Code civil du Bas-Canada et transformé l’instruction publique au Canada. Enfin, les marchands de fourrure laissent peu de traces des transactions menant à de bonnes affaires. Il est alors difficile de suivre leur passage dans la région.

Commission ayant pour mandat de codifier les lois du Bas-Canada (vers 1865). De gauche à droite : Joseph Ubald Beaudry, Charles Dewey Day, René-Édouard Caron, Augustin-Norbert Morin et Thomas McCord. Musée McCord  MP-0000.1815.2
Commission ayant pour mandat de codifier les lois du Bas-Canada (vers 1865). De gauche à droite : Joseph Ubald Beaudry, Charles Dewey Day, René-Édouard Caron, Augustin-Norbert Morin et Thomas McCord.
Musée McCord
MP-0000.1815.2

Mary McConnell et les rapides Deschênes

Il demeure que Mary McConnell a vu de près le développement de la fourrure en Outaouais au début du 19e siècle, y étant exposée, directement ou indirectement, depuis sa tendre enfance. Sa proximité avec l’exploitation de la fourrure en Outaouais se confirme aussi par le fait que Mary McConnell ait conservé la pétition opposant son oncle James à Ithamar Day dans ses archives. La pétition mène à la lettre patente donnant les droits de propriété des rapides Deschênes à son oncle, James, et à Charles Dewey Day. Mary McConnell conserve les originaux des deux lettres patentes qui partagent en deux le lot 15, rang 1, canton de Hull aux rapides Deschênes, dont la copie originale de Charles Dewey Day, signée par le gouverneur général en chef, comte de Gosford, est conservée parmi les documents légaux de la famille Conroy. La copie brouillon de la lettre patente de son oncle James McConnell est signée par un l’arpenteur général attitré à la colonisation dans la région de l’Ottawa.

Rapides des Chats, près d'Ottawa. ca. 1838-1841. Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896108.
Rapides des Chats, près d’Ottawa.
ca. 1838-1841.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896108.

Robert Conroy : L’époux de Mary McConnell

Le jeune irlandais énergétique, Robert Conroy, en compagnie des frères, Edward et Murdoch, McGillivray, tous trois des marchands de Montréal, arrivent à Bytown au début des années 1830[8]. Ces trois hommes célibataires sont aussi de l’ancienne CNO, fusionnée à la Compagnie de la Baie d’Hudson depuis 1821. Edward McGillivray, le premier maire de Bytown, et son frère, Murdoch, sont magasiniers sur la rive nord du lac Deschênes, non loin des rapides (lot 15-b ou lot 16). Murdoch McGillivray opère les entreprises Day & McGillivray qui comprend le poste de traite de Deschênes. Ce dernier est établi dans le canton de Nepean sur la rive sud des rapides Deschênes.

View from Wellington Street, Upper Bytown ca. 1845.  Thomas Burrowes, Painting of a view from Wellington Street, Upper Bytown, ca. 1845. Thomas Burrowes fonds.  Archives of Ontario, C 1-0-0-0-10.
View from Wellington Street, Upper Bytown
ca. 1845.
Thomas Burrowes,
Painting of a view from Wellington Street, Upper Bytown, ca. 1845.
Thomas Burrowes fonds.
Archives of Ontario, C 1-0-0-0-10.

Le bois et le canot de traite

Quant à Robert Conroy, il s’établit à Aylmer à la même époque que John Egan avec qui, Conroy se lance dans le commerce du bois. Ainsi, Robert Conroy est en lien étroit avec des marchands profitant de l’essor des ressources forestières en Outaouais. De plus, on sous-estime souvent le rôle de la fourrure dans l’essor économique de l’Outaouais durant la première partie du 19e siècle. Le canot de traite prend pourtant de son importance et le premier groupe de pionniers préfère toujours ce mode de transport pour se rendre à Montréal[9]. C’est dans ce contexte que Robert Conroy vient à épouser Mary McConnell en 1837.

Canots de la Compagnie de la Baie d'Hudson aux rapides des Chats.  1838. Aquarelle avec raclage et touches d'encre noire sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2895632
Canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson aux rapides des Chats.
1838.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2895632

 Les pelleteries à l’arrivée de Robert Conroy en Outaouais

Il faut admettre que James McConnell quitte définitivement le domaine des pelleteries, lors du décès accidentel (noyade : rivière des Outaouais) de son fils aîné, aussi appelé James, en 1847. Quant à William McConnell, père, et Robert Conroy, ils entretiennent toujours des liens avec Murdoch McGillivray comme le révèle indirectement McGillivray dans son témoignage de la pétition opposant Charles Dewey Day à James McConnell. Cette pétition s’échelonne s’étire de 1831 à 1857, et se conclut six ans après le décès de James McConnell, père, au moment où Mary McConnell prend possession dans un contexte litigieux la partie est du lot 15 aux rapides Deschênes.

Les débuts de Robert Conroy à Aylmer coïncident aussi à l’essor de la navigation à vapeur sur l’Outaouais. Pour citer Richard Bégin : «Le service de bateaux va littéralement lancer le développement d’Aylmer[10]. » Dans le Nord de l’Outaouais, Louis Taché nous apprend que la jeune communauté riveraine d’Aylmer prend rapidement l’allure d’un port de mer déjà occupée par la Compagnie de la Baie d’Hudson qui fait des bords du lac Deschênes le point de départ de tout l’approvisionnement de ses postes de l’Outaouais[11]. La noce de Mary McConnell et de Robert Conroy associe alors une famille pionnière bien établie à une deuxième vague d’immigration britannique dont plusieurs pionniers sont de l’élite marchande de Montréal.

Robert Conroy, Bibliothèque et Archives nationales du Québec Cote : P137,S4,D11,P21 P137 Fonds Famille Foran S4 Catherine Francis Kearney-Foran Centre : Gatineau Titre, Dates, Quantité Robert Conroy / Ellisson & Co., Quebec . - 1863 - 1 photographie(s) : épreuve "carte de visite", sépia ; 6 x 10 cm Autres formats Numérique. TermeCONROY, ROBERT, 1811-1868
Robert Conroy (1811-1868),
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Cote : P137,S4,D11,P21
Fonds Famille Foran
Centre : Gatineau
– 1863

Associations d’affaires de la famille McConnell-Conroy

Nul ne peut douter que l’histoire de la famille Conroy nous permette de comprendre que les bâtisseurs ne travaillent jamais seuls. Cette collaboration entre les pionniers est le pivot fondamental de leur réussite dans le domaine de la colonisation et de l’essor économique de la région sur les deux rives de l’Outaouais. D’ailleurs, Robert Conroy s’associe à des marchands bien connus dès son arrivée dans la région. Loin d’être étranger au commerce des fourrures par son association aux frères McGillivray et les frères McConnell, ce jeune entrepreneur ambitieux ne tarde pas à se joindre en affaires au neveu de Philémon Wright, Charles Symmes, dans des entreprises de transport et de commerce à L’abord-à-Symmes où se trouve une auberge en pierre (Auberge Symmes), un quai de débarquement et un magasin-entrepôt. La vapeur sert bien ces commerçants. D’ailleurs, Charles Symmes est considéré de plein droit comme le fondateur du village d’Aylmer.

L'auberge Symmes. Gravure par W. H. Bartlett, 1842.  (Source - collection privée)
L’auberge Symmes. Gravure par W. H. Bartlett, 1842.
(Source – collection privée)

Le monde politique

La famille Conroy est aussi étroitement associée à celle de John Egan qui lui est le premier maire d’Aylmer et plus tard, député à l’Assemblée nationale. À partir de 1843, Robert Conroy est échevin sur le conseil municipal et plus tard, maire, d’Aylmer. Quant à Mary McConnell, elle saura capter l’attention de journalistes de l’époque par sa voix que l’on acclame lors de soirées mondaines à l’hôtel British[12].

John Egan, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P137,S4,D11,P4. Fonds de la famille Foran
John Egan,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec,
P137,S4,D11,P4.
Fonds de la famille Foran

Essor des entreprises locales

Dès 1839, Robert Conroy se joint à l’élite locale en investissant dans la construction d’un moulin à farine fonctionnant à la vapeur, le Aylmer Bakery[13]. Il déteint aussi des actions dans la Upper Ottawa Steamboat Company qui sert à « Faire essentiellement la navette entre Aylmer et Fitzroy Harbour, sur l’autre rive, et pour servir à des travaux de remorquage[14]. » Une autre entreprise regroupant un groupe d’actionnaires d’Aylmer dont fait partie la famille Conroy est The Bytown & Aylmer Union Turnpike Company qui voit à la reconstruction du chemin d’Aylmer alors relégué aux routes boueuses difficilement carrossables. Cette route est macadamisée[15] et elle relie les auberges Conroy d’Aylmer au pont de l’Union (pont des Chaudières) à Bytown (Ottawa)[16]. Les actionnaires profitent des tarifs des postes de péage pour rentabiliser leur investissement. À l’échelle régionale, Robert Conroy se joint à des hommes d’affaires de la région et de la communauté francophone de Montréal dans l’entreprise du chemin de fer : Montreal & Bytown Railway. Cette ligne de chemin de fer prévoit relier Montréal à Bytown par la rive nord. La malchance et les difficultés financières de cette compagnie à charte conduisent à l’abandon la compagnie à charte responsable de sa construction à la fin des années 1850, n’ayant mis en service que le tronçon entre Grenville et Carillon en 1854.

La rue Bancroft, Aylmer 1860. On y voit notamment la première église Saint-Paul (chemin Eardley), la maison Foran, la meunerie d’Aylmer et le magasin général de Charles Devlin.
Source : Bibliothèque et archives Canada.

Patrimoine de la famille Conroy

Ainsi, l’importance du patrimoine de la famille Conroy démontre de la situation économique privilégiée d’une des familles fondatrices du secteur Aylmer à Gatineau. En suivant les traces de leur patrimoine, il est permis de faire un retour sur les moyens que prend la famille Conroy pour brasser les affaires en région de colonisation au 19e siècle. Il se trace alors  une histoire de famille à travers les traces de leur patrimoine. Ainsi, dans le cadre du prochain article de la série Bâtisseurs de l’Outaouais, est de voir aux traces du patrimoine qui nous amènent vers des récits peu connus de l’histoire de Gatineau, de l’Outaouais, du Québec et voir même, du Canada.

Scenes on the Ottawa. Lumbering. Views of Aylmer, P.Q. vol.XVIII, no. 10. 152-153
Scenes on the Ottawa. Lumbering. Views of Aylmer, P.Q.
Canadian Illustrated News , vol.XVIII, no. 10. 152-153
La résidence de la famille Conroy, Lakeview, est situé en bas de l’image à gauche.

Notes et références

[1] Chad Gaffield, L’histoire de l’Outaouais, p. 136.

[2] Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Boréal, Montréal (Québec), 2012, p. 50.

[3] Lieux patrimoniaux du Canada, Maison McConnell, Commission de la capitale nationale (CCN). http://www.historicplaces.ca/fr/rep-reg/place-lieu.aspx?id=11396

[4] Diane Aldred, Chemin d’Aylmer, p. 144-145.

[5] Bouchette, Dictionnaire topographique de la province du Bas-Canada.

[6] Michael Newton, « Some notes on Bytown and the fur trade », The Historical Society of Ottawa, Bytown Pamphlet series. No 5, 1991.

[7] The McConnell brothers on the Aylmer Road were a threat to the HBC fur trade with their large lumbering operations which by 1836 had reached the foot of Temiscaming Lake, This family posed a further danger, for the McConnells had always traded furs on the side and when settled in Opinika Lake, just below Lake Temiscamingue, both Cameron and (governor) Simpson were convinced that their new venture was merely a cover for their designs on the Fort’s trade. Not surprisingly, the McConnells succeeded Ithamar Day as owners of lot 15 range 1 Hull Township – The Deschênes Rapids Post – when Day quit the trade in the 1830s. Dans : Michael Newton, « Some notes on Bytown and the fur trade », The Historical Society of Ottawa, Bytown Pamphlet series, No 5, 1991, p. 9.

[8] « We shall endeavour to mention some of the old stock of British extraction, that were among the first pioneers of old Norwester Cork, and Mr. Conroy, of old Bytown, these two came here in 1826. E. (Edward) McGillivray and his brother (Murdoch) came in 1835. » Dans : Andrew Wilson, « A history of old Bytown and Vicinity, now the City of Ottawa. » Daily News, 1876.

[9] « The early settlers had to canoe it to Montreal for their goods. Honeywell is said to have gone and returned alone more than once. This must have taken all a man’s ability to get a canoe up the Rapids with the lightest load, while he waded in the edge of the stream, and kept his frail bark from being broken on the rocks. We can fancy the Moores, Honeywells, McConnells, etc., going in pairs or companies with ease and success, but we pity the man who would do the thing now. » Dans : Gourlay, History of The Ottawa Valley (1896), p. 200.

[10] Richard Bégin, « Le chemin et le port d’Aylmer : la voie de l’Outaouais supérieur », Histoire Québec, vol. 11, no 1, 2005, p. 6.

[11] Louis Taché, Nord de l’Outaouais, p. 203.

[12] Voir : Anson Gard.

[13] Bégin, De l’Auberge Conroy à l’hôtel British, p. 25.

[14] Richard Bégin, « Le chemin et le port d’Aylmer : la voie de l’Outaouais supérieur », Histoire Québec, vol. 11, no 1, 2005, p. 3.

[15] « Les procédés de macadamisage consistaient à poser une fine couche de pierre concassée sur la route afin de former une surface de gravier bien tassé permettant de garder l’assiette de la route sèche et solide en tout temps. » Dans Aldred, Le chemin d’Aylmer, p. 33.

[16] Aldred, Le chemin d’Aylmer, p. 31 ; Ville d’Aylmer, Symmes, p. 15.

L’exploitation forestière selon Philip John Bainbrigge

L’exploitation forestière selon Philip John Bainbrigge

L’artiste-peintre, Philip John Bainbrigge, est de passage en Outaouais entre 1838 et 1842. Il a alors terminé avec succès ses études en topographie militaire et en dessin de paysage à l’académie de Woolwich en Grande-Bretagne [1]. Il arrive à Québec en 1836 et pendant son séjour au Bas-Canada, au Haut-Canada et dans les Maritimes, ce militaire peint dans le but de rendre compte des mesures de défense coloniale à la Grande-Bretagne. Bainbrigge est surtout reconnu pour ses illustrations des résultats des Rebellions du Bas-Canada de 1837-1838 où il est mandaté à faire état des lieux pendant le passage des soldats britanniques ayant affronté les patriotes[2].

En Outaouais, ses œuvres rendent plutôt compte de l’exploitation forestière après la construction du canal Rideau. Il s’intéresse aux paysages environnants de la chute des Chaudières sans pour autant s’attarder aux jeunes communautés sur la rive nord de la rivière des Outaouais. Les aquarelles révèlent ses préférences pour les paysages sauvages et le transport sur la rivière des Outaouais. De son regard, l’artiste semble encourager l’observateur à entrer en scène avec lui afin de partager les expériences de ses voyages. Il démontre aussi que le commerce du bois n’est alors rien de plus qu’une aventure insensée. Lors de son passage dans la région, les grands marchands et négociants de bois commencent tout juste de donner à leur commerce le caractère systématique d’une entreprise et de mettre en valeur leur titre de Lumberer (marchand-négociant). D’ailleurs, la fourrure est toujours plus profitable que le bois et l’agriculture aux marchands de la région de l’Outaouais durant la première partie du 19e siècle.

Alors, en observant de près les œuvres de Bainbrigge, il nous est possible de faire un retour vers une époque où les grands canots des voyageurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson côtoient les navigateurs des radeaux de bois sur la rivière des Outaouais pour ensuite, suivre leur cours sur le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Québec. Ces ressources sont alors chargées sur des grands navires et destinées principalement au marché britannique.

Rivière Creuse sur la rivière des Outaouais

Rivière Creuse Ottawa. Mai 1841. Aquarelle sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- Mikan 2896117
Rivière Creuse Ottawa. Mai 1841.
Aquarelle sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- Mikan 2896117

Le portage de Joachim, camp de bûcherons, près de la rivière des Outaouais.

Le portage de Joachim, camp de bûcherons, près de la rivière des Outaouais.  Aquarelle sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896113
Le portage de Joachim, camp de bûcherons, près de la rivière des Outaouais.
Aquarelle sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896113

Canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson aux rapides des Chats

Canots de la Compagnie de la Baie d'Hudson aux rapides des Chats.  1838. Aquarelle avec raclage et touches d'encre noire sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2895632
Canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson aux rapides des Chats.
1838.
Aquarelle avec raclage et touches d’encre noire sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2895632

Rapides des Chats, près d’Ottawa

Rapides des Chats, près d'Ottawa. ca. 1838-1841. Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896108.
Rapides des Chats, près d’Ottawa.
ca. 1838-1841.
Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896108.

Glissoire sur la rivière des Outaouais, rapides des Chats

Glissoire sur la rivière des Outaouais, rapides des Chats.  1840 Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. Credit: Library and Archives Canada, Acc. No. 1983-47-8 Copyright: Expired Mikan no. 2833524
Glissoire sur la rivière des Outaouais, rapides des Chats.
1840
Aquarelle avec maculage sur crayon sur papier vélin
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- Mikan no. 2833524

Rapides sur la rivière des Outaouais, en amont de la décharge de fer

Rapides sur la rivière des Outaouais, en amont de la décharge de fer.  ca 1836-1842. Aquarelle avec pinceau et encre noire sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896081
Rapides sur la rivière des Outaouais, en amont de la décharge de fer.
ca 1836-1842.
Aquarelle avec pinceau et encre noire sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896081

Portage le long de la rivière des Outaouais

Portage le long de la rivière des Outaouais.  ca 1836-1842. Aquarelle sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2895633.
Portage le long de la rivière des Outaouais.
ca 1836-1842.
Aquarelle sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2895633.

Bytown (Ottawa)

Bytown (Ottawa) mai, 1841. Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC_ MIKAN no. 2895237
Bytown (Ottawa)
mai, 1841.
Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC – MIKAN no. 2895237

 Les chutes Chaudière, vues d’Ottawa

Les chutes Chaudière, vues d'Ottawa. Juillet 1838. Aquarelle avec raclage et rehaussé avec gomme arabique sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896132.
Les chutes Chaudière, vues d’Ottawa.
Juillet 1838.
Aquarelle avec raclage et rehaussé avec gomme arabique sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896132.

Les chutes Chaudière, vues de Bridge House, Ottawa.

Les chutes Chaudière, vues de Bridge House, Ottawa. ca 1836-1842. Aquarelle sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896103.
Les chutes Chaudière, vues de Bridge House, Ottawa.
ca 1836-1842.
Aquarelle sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896103.

La fente des chutes Chaudière

Les chutes Chaudière.  ca 1836-1842. Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896084.
Les chutes Chaudière.
ca 1836-1842.
Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896084.

 Les chutes Chaudière

Les chutes Chaudière. ca 1836-1842. Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896083.
Les chutes Chaudière.
ca 1836-1842.
Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896083.

Chutes Chaudière

Chutes Chaudière. Juillet 1838. Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896137.
Chutes Chaudière.
Juillet 1838.
Aquarelle avec raclage sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896137.

Entrée du canal Rideau, Bytown, vers 1838

Entrée du canal Rideau, Bytown, vers 1838. Aquarelle sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC -MIKAN no. 2896304.
Entrée du canal Rideau, Bytown, vers 1838.
Aquarelle sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC -MIKAN no. 2896304.

 Gros radeau sur le fleuve Saint-Laurent.

Gros radeau sur le fleuve Saint-Laurent. 1838. Aquarelle avec touches d'encre noire et raclage sur crayon sur papier vélin.  Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2896090.
Gros radeau sur le fleuve Saint-Laurent.
1838.
Aquarelle avec touches d’encre noire et raclage sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2896090.

Le cap Diamant, la pointe Lévis et la Citadelle de Québec depuis l’Anse-aux-Foulons

Le cap Diamant, la pointe Lévis et la Citadelle de Québec depuis l'Anse-aux-Foulons. ca 1838. Aquarelle sur crayon sur papier vélin. Bainbrigge, Philip John, 1817-1881. BAC- MIKAN no. 2897743.
Le cap Diamant, la pointe Lévis et la Citadelle de Québec depuis l’Anse-aux-Foulons.
ca 1838.
Aquarelle sur crayon sur papier vélin.
Bainbrigge, Philip John, 1817-1881.
BAC- MIKAN no. 2897743.

[1] France Saint-Jean. Images du patriote : Objets commémoratifs, intentions variables. Thèse présentée comme exigence partielle du doctorat interuniversitaire en histoire de l’art, Université du Québec à Montréal, Janvier 2009, p. 62.

[2] Ibid.